Docteur en sociologie, Vincenzo Susca a été enseignant à l’université de Milan. Il est MacLuhan Fellow à l’université de Toronto, Maître de conférences en sociologie à l’université Paul-Valéry de Montpellier et chercheur associé au CEAQ (Sorbonne – Centre d’Etude sur l’Actuel et le Quotidien). Il est l’auteur de À l’ombre de Berlusconi (Milan 2004, Paris 2006), Ai confini dell’immaginario (Milan 2006, Porto Alegre 2006), Joie Tragique (Milan 2010, Paris 2011, Barcelone 2012), Transpolitica (Milan 2008, avec D. de Kerckhove) et Récréations (Milan 2008, Paris 2009, avec C. Bardainne). Il a par ailleurs écrit, avec Alain Béhar, la pièce théâtrale Angelus Novissimus (2014) et a été le curateur, avec Claudia Attimonelli, des expositions de Madame (2014) et Karin Andersen à la Traffic Gallery de Bergame. Ses derniers ouvrages sont Les affinités connectives (Paris 2016) et Pornoculture (Milan 2016, Paris 2016, Porto Alegre 2016, avec C. Attimonelli).
Cultures numériques et post modernité
Les affinités connectives : c’est le titre du dernier livre (éd. du Cerf, Paris 2016) de Vincenzo Susca ; dans l’interview ci-dessous l’auteur s’explique. Sa thèse : les cultures numériques constituent un symptôme très fort de la post modernité, terme qu’il définit…
Quelles sont les principales questions que posent les cultures numériques ?
Les cultures numériques se présentent, pour le meilleur et pour le pire, comme l’achèvement et le dépassement des avant-gardes artistiques du XXe siècle. L’effervescence de leurs connexions esquisse inconsciemment de nouvelles manières d’être-là et d’habiter le monde. De quel monde s’agit-il ? Quelle place y joue l’être humain ? Que devient le public de jadis à l’époque de la reproductibilité numérique de l’œuvre d’art ?
Quelle est la nature des liens au sein du paysage numérique contemporain ?
Les liens naissant de ce paysage ne reposent plus sur un contrat rationnel et abstrait, mais sur une série de pactes dans lesquels l’émotion, l’onirique et les affects apparaissent comme les nouveaux aimants de l’être-ensemble. Facebook, WhatsApp, Instagram, Periscope, Snapchat et autres plateformes cristallisent alors autant d’affinités connectives qui sont des marqueurs forts de la post modernité …
C’est-à-dire …
La post modernité est un moment où les affects, le désir, l’imaginaire, bref la partie chaude de la personne est réhabilitée ; c’est un moment où la raison froide, mécanique, utilitariste de la modernité est reléguée aux poubelles de l’histoire… Les réseaux sociaux, smartphones, tablettes, Wifi, wearable technologies, biotechnologies, socialités en ligne nous signalent, en outre, un point important : les médias sont de moins en moins des mondes séparés et immatériels par rapport à la vie quotidienne ; ils ne sont plus des abstractions nous informant d’en haut mais nous donnent à penser une circulation horizontale de l’information.